21.03.2014

Rituel

21.03.2014

Rituel

Je tiens beaucoup à ce moment de partage, d’échange, de rassemblement qu’est le repas, le goûter, le simple fait de se nourrir. Mes photographies pourtant montrent souvent des plats seuls, des préparations pour une personne, un élément, un fruit; peut-être est-ce là le moyen de donner à voir ce qui se trouve devant mes yeux, un point de vue que tout le monde perçoit lorsqu’il est face à son plat.

Ce qui m’intéresse le plus dans la nourriture, c’est son innombrable possibilité d’assemblages, son infinité de couleurs et de formes, autrement dit sa force picturale. C’est ce à quoi je pense lorsque je prends ces images: chaque élément devient une tache de couleur que je place et déplace afin de trouver la meilleure concordance qui soit, j’essaie de peindre avec mes plats !

Après une longue période de pâtisserie, je suis passée aux potages (oui, la frontière parait surement large !). Ma fascination pour les légumes ne cesse de grandir: je rêve de potager, de tout savoir sur leur plantation, leur culture, mais la vie citadine est bien trop contraignante. C’est pour cela que je me restreins à n’aller qu’au marcher, à cuisiner et à faire mes projets d’école sur les légumes et les repas.

Pour mon examen de début d’année, j’ai écrit une sorte de performance qu’une amie a joué pour moi. Elle était vêtue d’un costume que j’avais fait (une longue robe de coton blanc très léger et un petit pantalon blanc tout aussi léger) et devait exécuter « le rituel de la soupe ». Tout était très orchestré, chaque mouvement maitrisé et chorégraphié. Peu de temps après, j’ai découvert, en cherchant des informations sur l’origine du thé, une procession japonaise extraordinaire: « la cérémonie du thé ». Sans le savoir, j’avais détourné ce rituel, utilisant des actions, des ustensiles et des costumes similaires. Toute mon action était centrée autour du dieu courge (le moulage en céramique que l’on peut voir sur la photographie ci-dessus), un pâtisson devant lequel le sacrifice d’une carotte était exécuté.

Ma passion pour les légumes m’a donc conduit vers les courges et leurs immenses variétés, elles m’ont tellement envoutées que je les aie mises en scène dans mes projets afin de raconter des histoires sans queue ni tête avec elles. Dans ces travaux il y a une grande part de dérision et d’ironie; j’essaie de me poser un certain nombre de questions à propos du rituel journalier, comment le détourner, le transformer en fiction, le donner à voir de différentes manières.

Instagram serait donc peut-être un de mes rituels journaliers (ou plutôt récurent), mettant en scène mon ordinaire par le simple fait de modifier la colorimétrie de l’image, et de maitriser presque totalement ce qu’il se passe devant la lentille de mon iPhone.

Lucie Malbéqui
Etudiante aux Beaux-Arts de Lyon

http://epidemiologie.tumblr.com/ (en construction)
http://ink361.com/clotildeboisrenard
http://instagram.com/clotildeboisrenard
https://www.facebook.com/luciemalbequi

 

Top
Our Brands